On ne voit pas le temps passer, Jean Ferrat

On se marie tôt à vingt ans
Et l’on n’attend pas des années
Pour faire trois ou quatre enfants
Qui vous occupent vos journées
Entre les courses la vaisselle
Entre ménage et déjeuner
Le monde peut battre de l’aile
On n’a pas le temps d’y penser

Une odeur de café qui fume
Et voila tout son univers
Les enfants jouent le mari fume
Les jours s’écoulent à l’envers
A peine voit-on ses enfants naître
Qu’il faut déjà les embrasser
Et l’on n’étend plus aux fenêtres
Qu’une jeunesse à repasser

Elle n’a vu dans les dimanches
Qu’un costume frais repasse
Quelques fleurs ou bien quelques branches
Décorant la salle à manger
Quand toute une vie se résume
En millions de pas dérisoires
Prise comme marteau et enclume
Entre une table et une armoire

Faut-il pleurer faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n’ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer

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